Comme en politique, l’année 2017 pourrait également s’avérer une année de grand bouleversement dans le secteur bancaire.
Si c’est le cas, le changement pourrait se jouer en deux temps. Le premier est déjà derrière nous : depuis le 6 février, le nouveau dispositif de mobilité bancaire, issu de la Loi Macron, est entré en vigueur. Son principe : un mandat de mobilité, signé par l’usager avec sa nouvelle banque, qui autorise cette dernière à se charger des changements de domiciliation des virements et prélèvements, et même à clore l’ancien compte une fois l’opération menée à bien. Le dispositif ne règle pas le problème du transfert des produits d’épargne et des crédits, mais grâce à lui, changer de banque est devenu un peu plus facile. Les acteurs émergents du secteur, notamment les banques 100% en ligne, espèrent qu’il apportera un peu de fluidité à un marché français de la banque de détail plutôt sclérosé : le changement de banque ne concerne aujourd’hui qu’environ 5 Français sur 100 chaque année.
Le deuxième temps du changement devrait lui intervenir à la mi-mai. C’est à cette date, en effet, qu’est attendue le lancement d’Orange Bank. Un événement : pour la première fois en France, un acteur venu des télécoms va venir marcher sur les platebandes des grandes enseignes bancaires. Et cet acteur a de quoi les inquiéter : avec ses 29 millions de clients dans le mobile et ses 650 boutiques – dont seulement 140 proposeront l’offre bancaire dans un premier temps – Orange est un redoutable concurrent potentiel, qui espère conquérir 2 millions de clients.
Mais plus qu’un bouleversement du rapport de force actuel entre enseignes, l’impact d’Orange Bank pourrait se faire sentir sur les usages et tarifs bancaires. Sur les usages d’abord : entreprise de haute technologie, Orange est attendu au tournant sur la qualité de l’expérience client et l’inventivité de ses services. L’opérateur historique est d’ailleurs déjà un pionnier du paiement mobile, avec Orange Cash. Sur les tarifs ensuite : Orange Bank ne sera pas gratuite, mais très peu chère, a-t-on promis. En cas de grand succès, la nouvelle banque pourrait donc contraindre les acteurs en place à revoir leur politique tarifaire. A l’image de ce qu’avait provoqué, en 2012, l’arrivée d’un autre opérateur, Free, sur le marché des forfaits mobiles !
Le travail d’une banque ne se limite pas à garder l’argent de ses clients.
Une banque participe à la création monétaire, joue un rôle prépondérant dans l’économie, par exemple en octroyant des crédits aux ménages – stimulant ainsi la consommation – ou aux entreprises, qui pourront investir et créer des emplois. Elle peut servir de tiers de confiance, assurer un rôle de conseil et de gestion de patrimoine à ses clients les plus aisés, se charger de l’intermédiation sur les marchés financiers, etc.
Tout cela nécessite une forte technicité dans plusieurs domaines, comme les finances, le droit, le commercial international… Une expertise dont les disrupteurs (banque mobiles, opérateurs téléphoniques, start-ups spécialisée dans le paiement ) ne pourront aucunement se prévaloir.
Cet article n’offre pour moi qu’une vision réductrice. Alors que le secteur bancaire est beaucoup plus complexe. C’est d’ailleurs une activité très réglementée, surtout depuis la crise de 2008.
A mon avis, il faudrait créer un statut spécifique pour ces services de paiement.