La réputation sur internet devient un enjeu crucial pour toute entreprise commerciale. Si certaines vont encore plus loin et font le choix de la transparence en répondant directement aux critiques des internautes sur Twitter ou Facebook, la grande majorité se limite à influencer les résultats de la première page de recherche, dans Google. Illustration avec le Crédit Foncier de France (CFF).
Fin septembre 2010, un avocat prend contact avec moi à propos des résultats de la requête « Crédit Foncier » sur Google. En cause, en sixième position, un post sur le forum cBanque intitulé « arnaque au taux variable du Crédit Foncier ». L’avocat, au demeurant très courtois, m’indique que ce lien est préjudiciable au CFF et qu’il est susceptible d’être diffamatoire.
J’ai alors précisé que le CFF avait reconnu la tromperie devant le tribunal et qu’il était probable que ce post ne soit pas diffamatoire. Cependant, je lui ai indiqué que je n’étais pas opposé à une solution mais je ne voyais ce que j’avais à gagner. Se pose ici, le problème du droit à l’oubli. Pendant combien de temps doit-on garder visible une faute lourde ? Un an, cinq ans, dix ans ?
L’avocat m’a alors demandé si je réclamais de l’argent ? Et j’avoue avoir été pris de court et n’avoir pas su lui répondre. Nous avons convenu cependant de nous rappeler quelques jours plus tard.
Avec le recul, j’aurai du avoir le réflexe de lui réclamer le remboursement du préjudice subi dans l’histoire du Crédit Foncier, soit quelques milliers d’euros. Puis proposer un échange de services.
Bref, je pensais naïvement qu’il allait me rappeler quelques jours plus tard. De mon coté, je ne suis pas le demandeur, je ne l’ai pas rappelé.
Deux mois plus tard, le résultat « Crédit Foncier » de Google a fortement changé. Le post du forum a reculé en neuvième position et de nouveaux résultats sont apparus.
Résultats positifs
La technique utilisée est de faire monter les résultats positifs au détriment des résultats négatifs. Facile, il suffit de pousser ces pages-là, d’y faire pointer des liens, de les référencer.
Le grand gagnant est Wikipedia en sixième position. Vous savez « l’encyclopédie libre » en train de devenir un grand espace de manipulation d’information (une information ne vous plait pas : vous pouvez la modifier). Pour la page du CFF, un contributeur a été très actif au mois de novembre. En recherchant un peu, vous verrez qu’il est intervenu pour 2 boites : le CFF et le PMU. Certainement une agence web ou d’e-réputation. Bref, une belle page Wikipedia sur l’histoire de la banque.
Un autre nouvel entrant est CommentCaMarche avec plusieurs conversations recensées. Mais pas une seule ne semble critique. On peut supposer que tout formulaire de signalement (présent sur chacune des contributions) suffisamment argumenté donne lieu à suppression. (d’ailleurs, le forum de Boursorama devrait s’en inspirer).
Autre entrée avec Ciao. Là encore, c’est bien étonnant. Il y a 2 ou 3 ans, ce site était fortement positionné sur la thématique des arnaques. Aujourd’hui, les avis sont beaucoup plus positifs…
Le grand ménage est en marche…
L’e-reputation est en effet très demandée, en ce moment. Je bosse un peu dans ce domaine, depuis cette année. La technique que tu constates est celle du noyage. Elle consiste effectivement à faire remonter les pages au contenu neutre ou positif au détriment des pages au contenu moins « convenable ».
Si le référenceur devait constater que ta page reste toujours dans le TOP 10 des résultats de Google (le seul moteur de recherche pris en compte par les référenceurs, vu que ses parts de marché dépassent les 90 % en France), sa technique sera plus subtile. En somme, il exploitera le fait que Google ne donne habituellement qu’un à deux résultats par domaine. Aussi, il ouvrira une conversation sur ton forum pour y parler du Crédit Foncier, de manière neutre ou positive. Ensuite, il référencera cette conversation sur les sites tiers, afin de la rendre plus visible dans les résultats de recherche de Google que la page défavorable. Et hop ! La page au contenu défavorable disparaîtra définitivement, à moins que l’on cherche explicitement celle-ci.
Bien entendu, rien ne t’interdit de jouer à ton tour, pour booster cette page en particulier. Après tout, le référencement n’est qu’un jeu, et un jeu plutôt amusant, je trouve.
Ceci étant, si tu constates des rapides changements dans les résultats, et que cela te dérange, tu peux toujours analyser le réseau de liens de ces pages tierces. Si celles-ci sont promues par un réseau de splogs, notamment, ce qui est souvent le cas, une dénonciation à Google duement documentée devrait remettre les choses en l’état. 😉
Si tu regardes bien mon post, j’ai un peu joué…
Je pourrais m’amuser aussi avec Wikipedia pour mentionner l’incident des 150.000 emprunteurs et des 20 millions d’euros débloqués pour gérer la crise.
Mais, en même temps, mon business n’est pas de gagner 3 visiteurs sur une 6° ou 9° position qui parle d’arnaque.
Je voulais illustrer l’e-reputation et simplement effleurer le risque d’un web trop censuré par des intérêts économiques. Tout un débat.
une simple question : j’aimerai savoir s’y Maître Barbaut Aurélien avocat du barreau de Versailles est avocat du crédit foncier de France ou pas